La Fable de l'Empire Stratosphérique - VIII
(ici le début)
8. Storäta (1)
Le pentagramme au sol avait disparu après l'incovation et les cendres froides du Nécronomicon se dispersaient lentement dans la pièce sous l'effet de l'haleine glacée de la Lune. Hjärta était restée assise là dix minutes. Elle n'avait pas dit le moindre mot; elle tentait seulement de départager le réel du démonique, le pacte avec le malin et la farce absurde. Au fond de sa cage dont le portail était encore ouvert, le corbeau-rat s'était calmé. Il éprouvait toujours de l'aversion envers celle qui l'avait capturé mais, au fond de lui, il avait compris qu'elle n'avait pas cherché à le sacrifier mais au contraire à lui prodiguer de grands pouvoirs. Ce qui ne l'empêcherait pas de s'enfuir dès que la porte de la chambre s'ouvrirait. Mais il ne s'attendait pas à ce que cet instant de délivrance soit si proche...
La porte s'ouvrit en grand. Le fracas soudain fit sursauter Hjärta; il était minuit passé, qui cela pouvait-il être? Trois gardes se présentèrent fièrement, solidement armés.
"Annonce à l'attention de Mademoiselle Hjärta, Alliée du Ciel" tonna le plus grand d'une voix de stentor. "Pour avoir usé de magie noire au sein de l'Empire Stratosphérique, et ce malgré votre récent passage devant le Conseil, vous serez exécutée demain à l'aube. Veuillez nous suivre jusqu'à la cellule qui vous accueillera le reste de cette nuit."
"De quoi parlez-vous?" Hjärta, horrifiée, tentait de ne pas le montrer. "Quels indices ici vous font penser à de la magie noire?"
Le garde la repoussa violemment et pénétra sans ambages dans la chambrette. Les symboles évidents d'invocation -pentagramme, et même le livre maudit- avaient disparu mais il régnait encore dans l'air une faible odeur reconnaissable entre mille: celle d'un démon. Mais cela ne pouvait constituer une preuve et Hjärta le savait.
C'est alors que le corbeau-rat, qui comprenait que l'occasion ne se présenterait peut-être pas de nouveau de pouvoir s'enfuir, tenta une traversée. Alors que le chef des gardes fut trop lent pour l'attraper, ce fut un de ses collègues qui se jeta sur l'animal, qui couina de douleur.
"Détention illégale d'animal sauvage". Un rictus mauvais s'afficha sur le visage du grand homme en armure. "On trouvera bien un moyen de vous exécuter; les juges sont toujorus très créatifs dans les cas comme le vôtre."
Hjärta, horrifiée, se débattit; mais elle n'était pas de taille face aux gardes armés. Alors qu'elle assenaient de maigres coups, un éclat blanc et un choc sourd sur son front la plongèrent dans l'inconscience.